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Présentation du rapport global sur le développement durable #GSDR
Quinze experts internationaux indépendants ont été mandatés pour concevoir le Rapport mondial sur le développement durable (GSDR) en vue du Sommet des chefs d’État relatif à l’Agenda 2030 en 2019. Il vise à renforcer l’interface science/politique pour atteindre les 17 Objectifs de développement durable. La plupart des pays qui se sont exprimés souhaitent que ce rapport soit une référence pour le prochain sommet et la mise en oeuvre de l’Agenda 2030 pour les 4 prochaines années.
La présentation du rapport a mis en évidence que seules quelques cibles sur les 169 pourront être atteints avec les trajectoires prises actuellement. En outre, les inter-relations entre les ODD ont été mises en exergue comme un défi de l’action dans les prochaines années : comprendre les compromis entre ODD, mettre en avant les co-bénéfices et instaurer des cercles vertueux. Le rapport identifie les apports de la science à l’atteinte des ODD autour de 3 enjeux : un agenda partagé pour guider la science et la technologie (référentiel, expertise internationale...), le développement de la science de la durabilité (réforme des institutions, mobilisation de la connaissance et éducation au développement durable) et la promotion des partenariats pour accompagner la transformation (capacité scientifique dans les Suds, recherche sociétale).
Jean-Paul Moatti, président-directeur général de l’Institut de recherche pour le développement et membre du groupe d’experts indépendants en charge du GSDR, est intervenu en séance pour alerter sur le fait que nous ne sommes pas ’dans le bon rythme pour atteindre la plupart des 169 cibles des ODD mais pour des enjeux essentiels comme la réduction des inégalités, la perte massive de biodiversité, la hausse des émissions de gaz à effet de serre qui alimentent le changement climatique ou l’aggravation de l’empreinte écologique des modes de production et de consommation des économies avancées, nous constatons des tendances régressives qui menacent de faire échouer tout l’Agenda 2030’. Il a encouragé à évaluer le développement par des mesures alternatives au produit intérieur brut pour réorienter les financements des énergies fossiles vers des secteurs d’avenir qui pourraient être promu au travers d’un label. Il a conclu son intervention sur l’urgence et la nécessité de renforcer les capacités scientifiques du continent africain, notamment en orientant une partie de l’aide au développement publique comme privée sur l’enseignement supérieur.
Retrouvez le début de l’intervention de Jean-Paul Moatti sur Twitter ici.
La session a permis de renforcer l’idée qu’il est nécessaire de placer la science et l’innovation davantage au cœur de l’action pour l’Agenda 2030 notamment en investissant dans l’enseignement supérieur et la recherche. Cette dernière doit également accélérer son développement dans le champ interdisciplinaire pour faire émerger la « sustainability science » (science de la durabilité) visant à produire des solutions facilitant la transition vers le développement durable et à mieux comprendre les phénomènes complexes qui relèvent d’interrelations entre les différents ODD. Ceci a des conséquences directes sur les indicateurs à mesurer et devrait influencer et infléchir de façon significative la programmation européenne et française de la recherche.
Réduire les inégalités : revue de l’ODD10
La session sur l’ODD10 "réduire les inégalités" a permis de réaffirmer l’enjeu des inégalités de richesse et de revenus qui s’accroissent entre les 40% les plus pauvres et les 1% les plus riches. Ces inégalités sont également hétérogènes entre femmes et hommes : 40 % des femmes n’ont pas de capacité de décision au sein de leur foyer ou dans la sphère professionnelle. En outre 50 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté sont des enfants de moins de 14 ans. La réduction des inégalités est donc multi-dimensionnelle et toute politique doit être en capacité d’inclure l’ensemble de ces groupes cibles.
Les panélistes ont également mis en avant les discriminations accrues par les lois ou les politiques publiques, qui touchent certains groupes marginalisés tel que les communautés LGBTQ+ (Lesbienne, gay, bi, trans, queer). Ces discriminations ont des conséquences sur la santé, le logement ou le bien-être des individus. C’est également le cas pour les personnes exclues économiquement qui ne sont bien souvent pas prises en compte dans l’élaboration des politiques publiques et qui sont les premières à être pénalisées.
ATD quart monde a porté la voix de la France lors de cette session pour mettre en avant les dimensions cachées de la pauvreté. Les inégalités monétaires conduisent à d’autres inégalités de toute nature et peuvent priver d’accès aux droits, tels que le droit à l’éducation, au logement décent, à la santé, mais aussi à la justice etc. Lorsqu’une frange de la population cumule le non accès aux droits, elle tombe dans l’extrême pauvreté. Le cumul des inégalités a donc un impact sur la nature des injustices qu’elles produisent. L’indicateur de l’Agenda 2030 pour la réduction des inégalités monétaires n’est donc pas assez exigeant. Les États devraient se donner des cibles quantitatives et qualitatives précises, claires et transparentes.
Aujourd’hui, dans le monde, la concentration des inégalités est incompatible avec la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. Elle est également incompatible avec une transition écologique et environnementale solidaire. C’est pourquoi ATD quart monde a appelé que l’ODD10 soit pleinement réalisé. Pour cela, il faut respecter l’exigence transversale de “ne laisser personne de côté” et de “commencer par les personnes les plus vulnérables”.
Retrouvez l’intervention de Geneviève Tardieu pour ATD Quart monde
Le groupe majeur des femmes a distribué des foulards rose afin de marquer les discriminations dont souffrent les femmes dans les processus économiques et politiques.
Atelier Pratique sur les outils de la participation et de l’inclusion pour développer les capacités et ne laisser personne de côté
Le deuxième événement organisé par ATD Quart Monde lors du Forum politique 2019 s’est déroulé le 11 juillet. Sous forme d’une atelier de formation intitulé : Participatory Approaches towards Leaving no one behind, cet événement très interactif a rassemblé de nombreux partenaires détenant chacun des savoir faire dans le domaine de la recherche participative. Parmi eux, Oxford University, le réseau Participate, Civicus, Action for Sustainable development…