Agrandir la figure 1988
L’utilisation de produits phytosanitaires : objectif - 50 % pour 2025 soit - 6,7 % par an.
En baisse de - 0,3 % entre 2013 et 2018.
Santé mentale : seulement 1 Français sur 10 est satisfait de sa vie actuelle.
- + 40 % de troubles anxieux
- + 57 % de troubles dépressifs
entre 2019 et 2020
Les inégalités territoriales touchent également les infrastructures, dont certaines concernent la santé. L’accès à un environnement sain n’est ainsi pas le même partout en France. Comme vu dans le chapitre 2, les outre-mer sont particulièrement touchés par ce problème, en particulier au sujet des infrastructures d’assainissement des eaux. Cet enjeu a été mis en lumière par la crise sanitaire qui a rappelé que l’hygiène joue une place prépondérante dans la lutte contre la propagation des pathogènes.
Pour répondre à cette situation, l’État a mis en place le « plan d’action pour l’eau dans les départements et régions d’outre-mer et à Saint-Martin » visant à améliorer le service d’assainissement et de distribution d’eau potable dans les départements et régions d’outre-mer.
La réduction des nuisances causées par les modes de production – agricoles ou industriels – reste partielle or l’état de l’environnement et de la santé apparaissent de plus en plus reliés entre eux. Le sol français reste en proie à des dégradations multifactorielles, physiques et chimiques dont des pollutions d’origines variées : pollutions liées notamment à la fertilisation agricole et aux modes de culture (excès d’engrais [1], pesticides), ou pollutions accidentelles ou clandestines (enfouissement de déchets toxiques, décharges sauvages particulièrement en outre-mer). La pollution des sols et des nappes peut avoir un impact direct sur la santé des Français. On constate qu’entre 2011 et 2015, la proportion des masses d’eau de surface de qualité médiocre, selon leur état écologique, a augmenté de 2 points (12,4 % en 2015 contre 10.3 % en 2011) [2] [3].
Les indicateurs pour le suivi national des ODD [4] nous apprennent que les grandes exploitations pratiquant la monoculture ou présentant une faible diversité des cultures arables sont encore très nombreuses en France : elles réclament des moyens de protection phytosanitaires particulièrement intenses, qui détériorent la qualité des sols et des nappes d’eau, mais aussi celle de l’air au moment des épandages.
Dans un autre domaine, le plan « Éco Antibio » 2017-2021 vise à réduire l’exposition des animaux aux antibiotiques [5], avec ce résultat : selon l’Anses, les laboratoires pharmaceutiques et vétérinaires ont vendu, en 2019, 10,5 % d’antibiotiques de moins qu’en 2018 [6].
Le plan Écophyto [7], lancé depuis 2008, vise à réduire la dépendance aux produits phytosanitaires (- 50 % d’ici 2025) et à accroître la protection des populations [8]. Entre 2013 et 2018, l’utilisation de ces produits a diminué de 0,3 % (soit une moyenne d’environ - 0,1 % par an) [9]. Cela n’est pas suffisant pour atteindre l’objectif fixé qui requiert une diminution de 6,7 % par an, d’importants efforts supplémentaires sont indispensables.
Le plan prévoit de mieux encadrer leur usage à proximité des habitations et de renforcer les dispositions actuelles de protection des lieux accueillant des personnes vulnérables. L’État s’est également engagé à accompagner la profession agricole dans la réduction de l’usage de ces produits. Afin d’assurer davantage de transparence concernant l’évolution de leur utilisation, l’État s’est engagé à publier au premier semestre de chaque année les indicateurs de suivi du plan. Il prévoyait également l’abandon du glyphosate d’ici fin 2020, engagement qui n’a pu être tenu faute d’alternatives convaincantes mais qui reste une priorité de l’État. Un effort conséquent est apporté à l’accompagnement des agriculteurs dans cette transition, afin de leur proposer des alternatives à ces produits problématiques. Des évolutions législatives et réglementaires ont durci les conditions d’utilisation de ces produits, tandis que de plus en plus de collectivités ou d’organismes comme Voies navigables de France (VNF) ou l’Office national des forêts (ONF) ont pu se déclarer « Zéro phyto ».
En plus des produits phytosanitaires, les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans de nombreux objets et produits de la vie courante (produits ménagers, détergents, produits de traitement des cultures, cosmétiques, produits alimentaires, etc.). Ils sont présents dans l’environnement du fait d’une contamination des différents milieux (eaux, sédiments, sols, air, etc.).
En 2020, une liste de perturbateurs endocriniens (PE) a été publiée et partagée avec les autres pays européens, suite à un travail d’expertise sur les risques qu’ils peuvent représenter pour la santé. Pour la population, les principales sources d’exposition aux PE sont l’ingestion, l’inhalation ou le contact cutané. La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens de 2019 vise à former les professionnels de la santé et à informer la population de leur danger potentiel. La Commission européenne révise les règlements qui s’appliquent quant aux objets du quotidien, pour protéger la population. Une stratégie mettra ensuite en place un système d’identification juridiquement contraignant pour les perturbateurs endocriniens à travers l’Union européenne.
Alors que les dangers potentiels de ces substances sont de mieux en mieux connus, il est encore difficile de supprimer les plus nocifs d’entre eux, à l’exception du Bisphénol A, interdit depuis 2015 dans la composition des contenants alimentaires. Le plan national de santé publique vise à réduire l’exposition aux perturbateurs endo-criniens, en particulier pendant la grossesse et la petite enfance.
Enfin, le système de santé français a révélé ses atouts et ses faiblesses systémiques en cette période de crise historique. Le bilan statistique en mai 2021 fait état de 5,92 millions de cas de la Covid-19 confirmés ainsi que de 108 000 décès depuis le début de la pandémie. La crise a révélé la situation de dépendance de la France aux « chaînes de valeur » pour les besoins en matériels de santé. Des problèmes d’approvisionnement, notamment dans des chaînes de production vitales, par exemple de masques chirurgicaux, de médicaments essentiels ou de respirateurs, se sont fait ressentir lors de la première vague de la Covid-19. Ces problèmes ont posé la question d’un manque de préparation possible de la France à une crise de cette ampleur [10]. L’aggravation du « renoncement aux soins », en particulier pendant le premier confinement, a mis en risque les pathologies chroniques ou aiguës. En réponse, le Ségur de la Santé, plan d’investissements de 19 milliards d’euros [11] dans le système de santé, devrait améliorer la prise en charge des patients.
Par ailleurs, le manque de valorisation des métiers du soin et de l’accompagnement s’est fait ressentir pendant la crise. Le Ségur de la santé prévoit de moderniser le système de santé français et d’améliorer le quotidien des soignants, qui, après avoir été en première ligne depuis le début de la pandémie, devront possiblement faire face à d’autres épidémies dans les années à venir. 8,2 milliards d’euros par an seront également utilisés pour la revalorisation des métiers et établissements de santé, des EHPAD et de l’attractivité de l’hôpital public.
Pour renforcer la capacité de lutte contre de futures épidémies, l’État a assuré un soutien logistique et financier au système de santé, renforcé ses moyens, sa flexibilité et facilité la réorganisation des services de soins autour de la revalorisation des métiers de santé. Pour 2020, une augmentation exceptionnelle de 12,6 milliards d’euros de « l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie » (ONDAM [12]) a été actée, indépendamment de son renforcement, dans le cadre de la loi de Financement de la Sécurité sociale pour 2020.
Parallèlement, la baisse des revenus et l’augmentation de la précarité financière, liées à la crise de la Covid-19, ont un impact direct sur l’alimentation. Les difficultés rencontrées par les populations les plus fragiles pour accéder à une nourriture saine ont augmenté, malgré les mécanismes d’aide alimentaire dont on a déjà fait état. On observe une explosion du recours à celle-ci, avec plus 10 % d’inscrits pour la campagne d’hiver des Restos du cœur, de 10 à 15 % d’ayants droit supplémentaires à la Croix Rouge et entre 20 et 25 % de nouveaux bénéficiaires pour la Fédération des banques alimentaires en novembre 2020 [13]. La baisse des stocks disponibles de ces associations devient préoccupante. La Banque alimentaire aurait, par exemple, vu son stock de denrées baisser de 22 % au mois de novembre 2020 alors que le nombre de bénéficiaires continuait d’augmenter.
Pour répondre à cet enjeu et éviter le basculement de ces populations dans la pauvreté, l’État a déployé de nombreuses mesures, notamment à travers les 27 milliards d’euros du volet de cohésion sociale du plan France relance, dont 6 milliards destinés à la lutte contre la pauvreté. Les nouvelles mesures pour prévenir et lutter contre la pauvreté, annoncées par le Premier ministre en juillet 2020 à l’Assemblée nationale, prévoient un soutien financier de 94 millions d’euros au secteur de l’aide alimentaire.
En outre, les restaurants universitaires devront mettre à disposition deux repas par jour au tarif de 1 euro pour tous les étudiants. Cette mesure est une bonne illustration de l’enjeu que représente la restauration collective sur lequel l’État doit investir pour répondre aux problématiques de précarité alimentaire.
La crise de la Covid-19 a également permis de mettre en lumière les problématiques de santé mentale de la population française. Les effets des confinements successifs, changements de mode de vie et intégration de nouvelles habitudes, tels que l’isolement, le télétravail ou les gestes barrières, ont eu des effets conséquents sur le bien-être mental de la population. Selon Santé publique France [14], entre la période précédant l’épidémie, jusqu’à la fin du deuxième confinement en décembre 2020, le nombre de personnes exprimant un niveau global de satisfaction de la vie actuelle a baissé d’environ 10 %. Sur cette même période, les troubles anxieux ont augmenté d’environ 40 % et les troubles dépressifs d’environ 57 %. Les personnes exprimant des pensées suicidaires dans les 12 derniers mois ont presque doublé entre la période hors épidémie et avril 2021. Ce sont les personnes les plus isolées, telles que les étudiants et les personnes âgées qui ont été les plus touchées. Les problématiques éthiques, quant à la qualité des résidents en EPHAD ainsi que ceux qui y travaillent, ont également été mises en lumière. L’État a pris des mesures pour rendre le soutien psychologique plus accessible tels que les « chèques psy » [15] rendant les trois premières séances de psychothérapie gratuites pour les étudiants.